Garder le contrôle de l’atout

Garder le contrôle de l’atout

Lorsqu’on base son plan de jeu sur le compte des perdantes, il arrive fréquemment de mauvaises surprises, comme nous l’avons déjà vu dans le dossier “Gagnantes ou perdantes ?”.
En effet, cette façon de procéder ne prend absolument pas en compte le problème du contrôle de l’atout.
Par exemple, avec :

♣ DVx

♣ 10xx

Les déclarants ont tendance à se compter deux perdantes dans la couleur… sous-entendu qu’ils disposent d’une gagnante ! Or, cette gagnante potentielle n’est pas encore là. Il faut l’affranchir, en deux temps qui plus est, ce qui laisse l’opportunité aux adversaires de faire au déclarant quelque méchanceté, du genre le priver de tous ses atouts. Imaginons :

DV4
962
A54
8543
1086
ARDV10
82
ARD
ONES
1
-2-4
fin

Entame : Dame de 

Deux perdantes à Pique, une à Carreau… tout baigne !

As de Carreau et atout… qui sont partagés 4-1. Lorsque Sud a fini de purger ceux des flancs, il ne lui en reste plus qu’un. Pique pour la défense, qui fait couper Sud à Carreau, de son dernier atout. Pique encore, et le flanc en main sort un, deux ou trois Carreaux maîtres de son chapeau ! C’est tout juste si Sud pouvait limiter la chute en encaissant ses Trèfles, abandonnant le combat.

Lorsqu’on compte en gagnantes, on est plus méfiant car on se dit : j’ai neuf levées de tête (cinq Cœurs, trois Trèfles et un Carreau) – donc mon contrat n’est pas «sur table». La dixième viendra de l’affranchissement d’un Pique, mais il faudra alors que je perde la main deux fois.

Passons au timing : si je purge les atouts et qu’ils sont 4-1, je n’en aurai plus qu’un et je risque de me faire déborder avec deux honneurs à Pique à faire tomber.

La solution ?

Commencer par jouer Pique (le risque de se faire couper est moins grand que de trouver les atouts 4-1, surtout quand il n’y a pas eu d’entame à Pique). La défense prend et m’oblige à couper un Carreau. Pique encore. La défense prend… et, si elle insiste à Carreau, je peux couper du mort (avec le 9), sauvegardant ainsi quatre atouts de ma main, qui me permettront de purger ceux des flancs avant d’encaisser mes Trèfles et mon Pique affranchi.

Il importe de bien comprendre ce premier exemple pour être en mesure d’assimiler les parades dont dispose un déclarant que la défense s’obstine à raccourcir, en l’obligeant à couper de sa main longue à chaque occasion :

Refuser de couper

Plutôt que de s’appauvrir en atout, le déclarant défausse des perdantes (voire des gagnantes !), jusqu’à ce que le mort (la main courte) puisse couper à son tour, sauvegardant ainsi le côté long :

864
D102
8642
RV7
2
ARV7
AR3
AD1084
ONES
1♣
1♠-2♠X
-3♣-3
-4fin

Entame : As de ♠ et ♠  

Deux perdantes, onze gagnantes… à condition de ne pas «exploser».

Si Sud coupe le deuxième tour de Pique et donne trois tours d’atout, il va chuter de beaucoup en cas de partage 4-2 !

Pour garder le contrôle, il faut défausser un Carreau perdant sur le deuxième Pique, puis une gagnante sur le troisième ! De cette façon, le quatrième tour de Pique sera coupé au mort et Sud pourra purger les quatre atouts du flanc le plus long, avant de tabler.

La présence d’atouts des deux côtés est évidemment vitale :

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Professeur agréé par la F.F.B, Marc Kerlero enseigne le bridge depuis 1980. Il est l'auteur de 15 ouvrages, dont plusieurs best-sellers et a été rédacteur en chef d'Objectif 13 puis de Bridgerama. Il a collaboré aussi à Jouer Bridge. Il a été champion d'Europe junior en 1984, vice-champion de France de division nationale I en 2004, champion de France de division nationale II par quatre en 2014 et vainqueur de la Coupe de France en 2019.