Le Contre punitif – les partielles

Le Contre punitif

1e partie, les partielles.

Le contre punitif est un sujet extrêmement délicat, bien peu souvent abordé dans les ouvrages, les revues et les cours de bridge.

Résultat, son maniement semble réservé à une élite et le non-champion n’a plus le choix qu’entre laisser impunis des adversaires trop bavards et, lassé de se «faire marcher sur les pieds», risquer trop fréquemment de décaisser les effroyables 670, 530 et autres 990…

Nous allons néanmoins essayer d’y voir un peu plus clair. Pour ce faire, nous allons séparer cet exposé en trois parties, les partielles, les manches et les chelems, en commençant ici par les partielles.

Pour qu’un camp ait intérêt à contrer une partielle à la couleur, il lui faut réunir plusieurs conditions. En effet, il ne suffit pas de penser ou d’espérer que le contrat chute, il faut encore que la pénalité ainsi récoltée couvre les points du contrat qu’il aurait été possible de déclarer (et de gagner) en attaque :

Ouest
  • RV6
  • R5
  • A854
  • V1054
ONES
1SA2
?

Avec au moins 27 points dans la ligne, il est hautement probable que 2 chute. Néanmoins, envisager de jouer 2 contré serait très mal joué de la part d’Ouest, car il est légitime d’espérer gagner 3SA (ce n’est certes pas assuré mais, au bridge, on n’attend pas d’être certain de gagner un contrat pour l’annoncer : il suffit que les chances soient raisonnables). A vulnérabilité égale, par exemple, il faudrait donc encaisser trois de chute, soit limiter Sud à cinq levées. Or, il suffirait à celui-ci d’un peu de distribution (coupes, longueur quatrième annexe…) pour en réaliser au moins six, avec déjà quatre ou plutôt cinq levées d’atout au départ. De plus, les distributions exotiques existent et si Sud possède un bicolore 6-5, par exemple, il peut fort bien GAGNER 2 : le contre serait alors évidemment catastrophique.

Pour être statistiquement rentable, le contre d’une partielle doit donc reposer beaucoup plus sur une forte opposition à l’ATOUT que sur un total élevé de points d’honneurs.

N’oubliez pas que, lorsqu’un adversaire possède un singleton, les 10 points H que vous pouvez posséder dans la couleur ne produiront qu’UNE levée si c’est lui qui joue le coup.

Ouest
  • 6
  • A76
  • RD1086
  • 8743
ONES
1♠2
?

La main dont on rêve… Sud va se faire littéralement massacrer à 2 (Ouest possède cinq levées pratiquement assurées à lui tout seul et Est a ouvert). De plus, rien ne prouve qu’Est-Ouest font une manche et d’ailleurs, si c’est le cas, c’est qu’Est est très fort et que Sud va chuter de quatre ou cinq à 2.

Bien sûr, comme souvent, on est dans une situation de contre non punitif (Spoutnik, en l’occurrence), mais ce n’est pas gênant : dans ces cas-là, il faut passer. Est, fatalement court à Carreau, va très probablement réveiller par «contre» (même s’il possède une ouverture minimum) et Ouest transformera cet appel en contre punitif.

La notion de misfit est également un élément important pour décider d’entreprendre une action punitive à bas palier.

La présence d’un fit peut tout d’abord inciter à surenchérir et, d’autre part, diminue l’efficacité défensive des honneurs de la couleur.

Imaginons par exemple que Est-Ouest possèdent As-Roi-Dame de Pique. S’ils n’ont que cinq ou six cartes dans leur ligne, ils feront presque certainement trois levées de Pique dans un contrat adverse à l’atout Cœur. Avec sept ou huit cartes, ils n’en réaliseront probablement plus que deux et, avec neuf ou dix, ils devront s’estimer heureux avec une. D’autre part, le nombre de levées qu’ils auraient réalisées à l’atout Pique aurait augmenté d’autant.

Ouest
  • 6
  • A854
  • RD107
  • 8743
ONES
1♠2
?
12
?

Dans les deux cas, Ouest possède quatre levées de défense, mais, s’il doit avoir très envie de jouer 2 contré lorsque son partenaire a ouvert de 1♠, l’idée ne doit pas l’effleurer sur l’ouverture de 1. D’une part, la chute sera moins grande, car les points à Cœur de l’ouvreur seront inefficaces. D’autre part, Est-Ouest ont de bonnes chances de gagner 4 et l’éventuelle pénalité récoltée à 2 risque de ne pas être assez élevée. Enfin, tenter de jouer 2 contré risque de permettre à Nord-Sud de découvrir un meilleur atout (à Pique, ici).

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Professeur agréé par la F.F.B, Marc Kerlero enseigne le bridge depuis 1980. Il est l'auteur de 15 ouvrages, dont plusieurs best-sellers et a été rédacteur en chef d'Objectif 13 puis de Bridgerama. Il a collaboré aussi à Jouer Bridge. Il a été champion d'Europe junior en 1984, vice-champion de France de division nationale I en 2004, champion de France de division nationale II par quatre en 2014 et vainqueur de la Coupe de France en 2019.